samedi 18 février 2012

Page 2 (Alban Orsini)

[Compilation des épisodes de la semaine, formant la page 2 du texte d'Alban Orsini]


Il y a de nouvelles traces de pas _ deux mois pleins aujourd'hui, je continue de compter_ et il fallait être très observatrice comme moi pour les déceler tant ils prennent de précautions depuis qu'ils savent que je sais qu'ils savent. Ils proviennent de mon ancienne vie, j'en suis désormais persuadée. Je l'ai écrit sous une pierre ("Vous provenez de mon ancienne vie") et la pierre a disparu. Elle a été remplacée par une tortue mais je suis cauteleuse et pas trop idiote alors les permutations grossières...
"Vous provenez de mon ancienne vie", j'ai voulu l'hurler, mais mes cris, pour des raisons qui échappent à ma raison, meurent toujours et encore au niveau de la glotte.
Il existe une justice pour tout et pour tous : que croient-ils ? Qu'ils ne payeront pas pour ce qu'ils ont fait et ce qu'ils font ? Ils m'observent, ils nous observent. Au-delà des traces de pas, il y a l'impression constante d'être épiée, scrutée, et les autres signes plus subtiles comme des oiseaux qui passent effrayés ou bien des fleurs étrangement couchées comme si quelqu'un les avaient dérangées dans leur croissance. Ils rejettent le développement et cela sous n'importe quelle forme. Ils s'opposent à l'apprentissage ainsi qu'à l'érudition. Ils proviennent de mon ancienne vie, j'en suis persuadée

("Vous provenez de mon ancienne vie") :

j'ai reconnue une de leurs odeurs, celle de David Lhomme, mon ancien directeur financier. Son parfum ambré ne me trompe pas. Je n'ai jamais supporté son parfum ambré. Je le lui ai toujours dit : "Je ne supporte pas votre parfum ambré que je ne supporte pas". Il est bien ici avec moi. Il doit y avoir une tour, une guérite, depuis laquelle ils étudient mes faits et gestes. David Lhomme m'y scrute et il s'asperge de son parfum ambré que je ne supporte pas. Ce petit pont d'ailleurs ne me parait pas net. Il cache quelque chose, quelque pièces secrètes depuis lesquelles ils élaborent des tests. David Lhomme est fourbe et l'a toujours été... Il est le genre d'homme à se cacher dans les pièces secrètes d'un pont menteur. La survie en forêt n'est pas si douce: il me faut trouver à m'échapper au plus vite. Si vous lisez ceci, vous savez ce que je dois faire.
Je me suis réveillée au beau milieu de la nuit. Mes draps et ma nuisette étaient trempés et je me sentais mal à l'aise, comme très au bord d'une nausée qui ferait l'équivalent d'un précipice (sombre, sombre). Imaginez les rebords tranchants de pierres qui vous attendent en dessous et l'accueil qu'elles vous feront. Imaginez la fête. Imaginez les bruits qu'elles émettront dans le ressac d'une petite rivière poissonneuse et excavez-les comme des tombes en marbre si nécessaire pour les aiguiser, puis les replacer. Mettre au four.
Un cauchemar des plus horribles avait corrompu ma nuit à la façon d'une chaleur détestable qui empêche de dormir : il y était question d'une forêt, de fleurs abattues et de survie _ je ne sais plus trop tant les rêves sont rendus flous par la gangue inconsciente. Tout juste me souviens-je de l'impression d'être épiée, qu'une ombre menaçante planait sur moi comme un corbeau ou tout autre animal nécrophage. Il y avait un pont aussi, un pont monstrueux qui attirait mon regard : l'aimant déplace la limaille. Sous ce pont existait une société secrète des plus pernicieuses qui vivait à l’abri des regards et de la vie même. Je me suis levée, l'étrange sentiment d'être engourdie, et j'ai bu un verre d'eau en espérant que. Ouatée. Boiteuse. Sans rien pour m'accrocher : un tournis volubile. Le rebord de l'évier en canne sinon je tombe et me fracasse. Ma langue s'est peu à peu décollée de mon palais pâteux. Puis je me suis recouchée : il m'a fallu un certain temps avant de retrouver la sérénité nécessaire à l'endormissement. Lorsque le réveil à sonner, j'avais l'impression de ne pas avoir dormi. Je ne voulais plus quitter mon lit _ cocon _ mais pourtant il le fallait. Je me suis descendu trois cafés très serrés avant de me décider à partir et rejoindre les cloaques nauséabonds et moites des couloirs du métro. Un peu avant mon arrivée au bureau, j'avais un message de mon directeur financier David Lhomme qui me disait : "Tu es en retard". Je l'aurais bien tuer pour ce message.
La journée s'en est suivi comme à son habitude : harassante et plate. Non content d'aspirer une partie de mon temps dans des transports en commun infernaux, mon travail m'accapare en pompant la quasi entièreté de mes forces vives pour en faire _ et bien_ je sais pas trop. J'imagine un pull tricoté à partir de mon temps ou bien une de ces choses rembourrées que l'on place au niveau des portes pour stopper les courants d'air. Un pot à stylo thermoformé en énergie de moi. Ceci est mon énergie de moi-même, ça vient de moi.

J'aime mon travail, là n'est pas la question, mais j'ai parfois l'impression qu’il est bien trop présent. Qu’il monopolise un peu trop mon être et que ce dernier pourrait être utilisé à meilleur escient. Pour créer notamment. Ou profiter pleinement d’une nature qui serait silencieuse et poétique comme une heure. Et puis il y a David Lhomme, mon directeur financier et son atroce parfum ambré qui l’accompagne en aura nauséabonde. Quelle mouche l’a donc piqué ces derniers temps pour qu’il s’avère à ce point imbuvable ? Un jour avenant, un autre irascible : il vient d’une planète, celle des gens imbuvables. Parfois, je regarde mon presse-papier qui a la forme d’une tortue et je m’imagine lui ouvrir le crâne avec. Ce presse-papier est très lourd : il a des miracles. Seuls arc-en-ciel dans ma journée, les messages de ma fille, adorable, qui me demande des choses de fille mignonne. Le week-end dernier, elle a construit une cabane dans le jardin, juste à côté de la maison. À la fin de la journée, elle était déjà envahie par les guêpes qui avaient décidé d’en faire un refuge. Elle m’a regardé et m’a dit : « Les guêpes ont une maison maintenant » ce à quoi j’ai répondu : « non, les guêpes sont comme les hommes : elles ne sont bien nulle part. Elles n’ont pas de maison et sont seules, si seules. Elles ne vivent que quelques saisons. Elles sont déjà mortes ». Et nous avons beaucoup ri."
Il y a les cafés qu'on ingurgite tout au long de la journée au bureau pour se donner du courage. Les bonjours polis, les saluts courtois, les hochements de tête, les sourires "oui, oui, je t'ai bien compris", les sonneries tonitruantes du téléphone, les sautes d'humeur des uns et des autres avec lesquelles on se doit de compiler , les courses dans les couloirs, les remarques que l'on se prend en plein cœur comme une flèche et qui vous font mal, comprendre les ordres, exécuter les ordres, donner des ordres à son tour, courber l'échine, être malléable, ne pas avoir de sens critique, être un mouton _ leçon n°1 _ apprendre à être con, être animal, vénal, serrer des mains pour faire bien _ des serres des sabots des ongles _ être courtois, être vil, être bas, tirer profit, s'adapter, être vicieux, être une balance s'il le faut _ serpent _ savoir tirer parti, profiter, s'insérer, flatter, laper, flagorner, caresser, malaxer, humidifier, la paresse et l'envie de tout foutre en l'air, de tout jeter par la fenêtre, voire virevolter un peu dans l'air et dépasser quelques tours, l'envie de foutre le feu, l'envie de sauter, bien peu proprement....
La pause déjeuner : engloutir un mauvais sandwich _ ce n'est pas de la salade, ce n'est pas du pain, ce ne sont pas des tomates, ce n'est pas du fromage, ce n'est pas un tranche de jambon _ le soda par dessus, le dessert calorique sans goût, sans saveur, sans rien, de la crème, de la crème, du sucre, du sucre, consomme, consomme, consomme, vas-y, lèche tes doigts, il en reste _ sucre glace, gélatine, os de porc _ cartes de fidélité, cumul de points, gagner un nouveau sandwich tous les dix tampons, sourire extatique de la boulangère_ quand ce n'est pas le repas stratégique avec quelques clients de choix _ gras, abondance, vin, pain, gras, abondance, vin, pain, gras _ se bâfrer, c'est stratégique : on apprend ça en école de communication. Manger avec appétit, ça dit : "Bon vivant, honnêteté, rassurant" puis "signature de contrat, accolade : nous sommes si amis" pour après : "argent, créance, contentieux" pour "consomme, consomme, consomme, vas-y, lèche tes doigts, il en reste". Crédits. Surconsommation, leçon n°2 : "ne plus être un simple mouton mais être un BON mouton". Évaluation.
Quand l'après-midi tout recommence, tu trouves ta vie sordide tu veux manger des salade biologiques à base de fenugrec germé pour le restant de tes jours et là-dessus David Lhomme vient et te dit : "il faut qu'on parle tous les deux", tu repenses à la fenêtre et à tout ce qu'elle pourrait faire et puis tu as toujours été très attirée par le vide. Et tu as envie d'être ailleurs.
"Il faut qu'on parle tous les deux, il font qu'on parle de notre fille...".
Et tu as envie de te réveiller ailleurs, dans une forêt...
En école de communication, tu apprends une somme colossale de notions qui te seront très utiles pour te repérer dans un monde où tout va de plus en plus vite et dans lequel on ne peut plus se permettre de ralentir. Il est en effet primordial d'y être le plus performant possible tant faire l'impasse sur l'information peut te mettre au ban de la société. Ainsi, en école de communication, tu apprends _entre autre_ à te familiariser avec les perspectives d'internet et du e-commerce, le marketing digital et le social média. Tu acquiers les bases de la conception, la rédaction, la création publicitaire ainsi que de la régie et de la stratégie média, connaissances plus qu'importantes pour évoluer dans ce milieu qui, s'il est exaltant, fourmille de pièges.
Ce qui est intéressant dans une école de communication telle que l'INSCAMA, c'est que tu peux réaliser une cinquième année en alternance dans une entreprise française ou bien étrangère : la couverture s'effectue alors par la biais d'une convention de stage classique, d'une convention de stage alterné ou d'un contrat de professionnalisation. Cette alternance te permet non seulement d'obtenir un diplôme de communication reconnu mais également de mettre à disposition une expérience professionnelle qui n'est pas à négliger sur un CV. Les entreprises de communication sont en effet avides de recruter des jeunes diplômés déjà formés et très au fait de la réalité du marché et des enjeux qu'il implique.
C'est l'INSCAMA qui m'a permis, de manière personnelle, d'intégrer une des plus grandes agences de média parisiennes : j'accompagne depuis quelques années maintenant de grandes marques dans la conception et la mise en application de leurs stratégies de moyens. Je réalise également leur médiaplanning et assure leurs achats d'espace. Pour ce faire, j'utilise ce qui se fait de mieux en matière d'outils d'expertise média et achat. De manière plus étendue, j'assure également des missions plus commerciales et je suis devenue une alliée à part entière pour de grands groupes tels que MALONE CORP, DASSIERTY ou encore EXTRADEK.
En d'autres termes, l'INSCAMA s'est avérée être pour moi une véritable clé pour entrer dans la vie active ainsi qu'un coup de baguette magique réel pour me permettre d'évoluer rapidement et être reconnue pas mes pairs.
Je répondrai à toutes vos questions sur l'INSCAMA et de manière plus générale sur les métiers de la communication ici-même sur ce forum et cela dès demain et pendant une semaine, de 9h à 18h.



(à suivre)

Alban Orsini

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